Hamlet, Opéra de Marseille, septembre-octobre 2016

30 septembre 2016 by admin

Maîtrisant parfaitement un des rôles les plus brillants du répertoire de baryton, avec, cerise sur le gâteau, ce ton métallique, cette noire mélancolie, comment ne pas rester confondu d’admiration devant sa prestation, tant elle se joue avec une virtuosité admirable des difficultés d’une partition qui exige de son titulaire souplesse, étendue vocale, âpreté ? En prime, ce mordant charbonneux qui donne au personnage sa nostalgie douloureuse, sa dureté attendrie. Jean-François Lapointe ? Le Gérard Philipe de l’opéra !

Christian Colombeau, Sortir ici et ailleurs, 30 septembre 2016

[…] l’excellent baryton canadien Jean-François Lapointe qui campe un Hamlet de tout premier ordre : diction exemplaire, sens du mot, intelligence du phrasé, soin et variété dans les nuances sont à relever. Le chant est puissant et généreux et l’incarnation scénique est particulièrement crédible. Le célèbre air « Ô vin, dissipe la tristesse » est superbement assumé. Son monologue du III « être ou ne pas être » est une merveille de subtilité et de théâtralité.

Sebastien Herbecq, Bachtrack, 29 septembre 2016

Le baryton québécois Jean-François Lapointe exulte dans le rôle-titre. Entendu et apprécié dans Moïse et Pharaon donné en novembre 2014 ou plus récemment dans un somptueux Falstaff, sa présence dans la distribution assurait une prestation de qualité. Outre cette impeccable diction — d’autres devraient s’en inspirer — qui rend inutile le panneau de surtitrage, sa passion maitrisée dans sa ligne de chant, à la tessiture étendue et dont la puissance du souffle sait équitablement nourrir avec une rare justesse de ton, la fureur projetée ou la profondeur intimiste, nous garde invariablement captif tout au long de l’opéra. Il sait implorer Ophélie sur le fait de « douter de la lumière…mais de ne pas douter de son amour » à l’acte I, jongle avec un registre plus ludique dans « Ô vin, dissipe la tristesse » — presque un one man show à l’avant-scène — écume de rage contre sa mère ou sombre dans le délire à l’apparition du spectre paternel « Ô mystère ». Loin du personnage évanescent auquel le Hamlet shakespearien nous a trop souvent habitué, celui qui célèbre ses trente-cinq années de chant professionnel sans avoir altéré une once de ses capacités vocales et qui se lancera en février prochain dans son premier Wagner (Wolfram du Tannhaüser version de Paris le 19 février 2017 à l’opéra de Monte-Carlo) admet avoir été influencé dans ce rôle par « ses interprétations antérieures de Pelléas et de Roméo ». À mi-chemin entre symbolisme et romantisme, Jean-François Lapointe réussit ce tour de force d’atteindre un subtil équilibre sans édulcorer le réel de la tragédie ni chavirer dans d’incessants abîmes de perplexité. Du grand art lyrique légitimement ovationné à l’issue de la représentation.

Jean-Luc Vannier, Musicologie, 28 septembre 2016

Hamlet, justement, qui a les traits d’un Jean-François Lapointe toujours en grande forme. Depuis quelques années, le canadien est exact à tous ses rendez-vous se taillant à tous les coups de larges tranches de succès. En cette fin septembre, il embrasse à nouveau ce rôle d’Hamlet avec détermination. Servi par un physique des plus élégants, entre raison vacillante, passion, inquiétude, haine, il incarne à la perfection le Prince ; être ou ne pas être ? Vocalement, le baryton est impeccable ; une ligne de chant précise et volumineuse, de la souplesse, de la couleur, une diction parfaite : rien à redire.

Michel Egea, DestiMed, 28 septembre 2016

L’Hamlet que conçoit Ambroise Thomas est une « force qui va », romantique, et sa musique l’accompagne d’un souffle lyrique imposant. Les airs du héros explorent son âme (« Être ou ne pas être ») ou chantent l’exubérante ivresse (« O vin, dissipe la tristesse »).  Si l’Orchestre de l’Opéra de Marseille (dir. Lawrence Foster) et son grand Chœur (préparé par Emmanuel Trenque) remplissent leur office avec brio, c’est au grand baryton (on ne peut que l’être pour aborder ce rôle écrasant) Jean-François Lapointe qu’on dresse les plus beaux lauriers. Depuis la création de cette production à Marseille en 2010, le Québécois a remplacé Franco Pomponi (déjà en Avignon en 2015). Au fil des ans, l’artiste gagne en pâte vocale dans le grave et la puissance de ses aigus reste sidérale. La conduite de son chant dans un parfait français est exemplaire, subtile, nuancée, son incarnation formidablement habitée. On irait à l’Opéra de Marseille rien que pour l’entendre !

Jacques Freschel, Zibeline, 27 septembre 2016

Jean-François Lapointe est énergique et sincère, et le baryton dose avec subtilité la peinture de l’anti-héros et du prince viril. La voix fait honneur à l’école française, avec des aigus étincelants et une diction irréprochable. 

Christian Dalzon, Concerto Net, 27 septembre 2016

[…] Lapointe entré dans la version avignonnaise et retrouvé ici, dont on ne peut que répéter, pour s’en émerveiller, les qualités scéniques et vocales extraordinaires […] Hamlet, admiré déjà à Avignon, est encore admirablement incarné par Jean-François Lapointe qui a encore mûri son personnage, on dirait même sa personne tant il habite ou hante ce rôle ou en est hanté. […] Acteur saisissant autant que chanteur d’exception, Lapointe est un Hamlet tout tendu par l’introspection, le dialogue permanent avec soi-même qu’on dirait à voix basse, et soudain, la voix explose dans des aigus d’une éclatante beauté que pourrait envier un ténor. La tessiture est tendue pour un baryton, sur la corde raide du ré et s’élève à des sol # lumineux où l’on retrouve, mais dans la violence, la lumière de celui qui fut un Pelléas idéal et qui se donne le luxe aujourd’hui de chanter les Golaud. Timbre riche, plein, voix d’une remarquable égalité du grave sombre à l’aigu lumineux, ronde, sans faille, puissante et tendre : il est au sommet de son art consommé.

Benito Pelegrín, Chroniques, 27 septembre 2016

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