Bien connu en France, le baryton canadien Jean-François Lapointe est un Enrico solide et de belle prestance. Sa voix s’est nettement assombrie (notons qu’il est maintenant passé de Pelléas à un Golaud acclamé à Nantes comme à Helsinki). Rivalisant avec Edgardo dans les passages forte, il passe facilement l’orchestre situé ici dans une fosse profonde — idéale pour l’opéra.
Un Enrico inflexible et mordant, superbement incarné par un Jean-François Lapointe aux aigus toujours plus impressionnants, d’une projection exceptionnelle qui n’a d’égale que la facilité avec laquelle ils paraissent émis. Le bas de la tessiture n’a pas toujours cette arrogance, mais le baryton québécois se donne sans compter et sa performance est à saluer.
Le contraste avec le métier de Jean-François Lapointe ne saurait être plus saisissant. Nonobstant de discrètes raideurs çà et là, son Enrico n’économise pas le sombre rayonnement d’une âme vile. La constance d’une ligne et d’un souffle solides témoignent d’une maîtrise du bel canto qui ne néglige pas le poids des mots, dans un intelligent équilibre entre son et texte que plus d’un interprète de ce répertoire tend à négliger au profit des seules notes.